




Musiques & Arrangements : Eric Dentinger


Le branle universel de la danse macabre
Vous entraîne en des lieux qui ne sont pas connus…
(Charles Baudelaire)
Le point de départ de cette aventure musicale réside dans la Peste Noire qui a ravagé la population mondiale au XIVème siècle de notre ère.
De cette funeste époque date la personnification de la Mort : désormais personnage à part entière, évoluant du tragique jusqu'aux frontières du comique, Elle incarne la fragilité de la vie dans un monde hostile par nature.
Cette histoire est aussi intemporelle car son récit est transposable à maintes époques tant la froide hostilité de l’Univers et la constance de la cruauté des Hommes ne se démentent jamais…
Voici donc quelques pistes pour appréhender l'univers de Prima Culpa, au-delà ou en deçà de sa musique :
Moyen-Age ou XXIème siècle, toujours la Mort Noire étend son sinistre manteau sur ceux qui persistent à oublier ce qu’ils ont pourtant si cruellement appris…
Car les Memento Mori ("Souviens-toi que tu vas mourir…") ou autres Danses Macabres n’y changent rien : le fil ténu de l’existence demeure sous la menace d’une Humanité avide de pouvoir, inexorablement guidée par une pulsion de mort qui a échappé à son iconographie macabre.
Une constante se présente à nous dans ce tableau inquiétant, celle d'un duo funèbre associant la Mort Noire collectant les dépouilles des trépassés, et un Officiant en charge de faciliter le départ des âmes vers des cieux plus cléments.
Cet indissociable duo n'est ni plus ni moins que la représentation - symbolique ou non - de la dualité corps et âme, de la partition entre le matériel et l'immatériel, entre l'immanence et la transcendance.
Prima Culpa, en créant une musique pour accompagner les âmes en partance, cristallise ce duo et lui rend hommage par ses thèmes marqués au sceau des tragédies humaines mais aussi par des airs plus légers qui accompagnent l'ironie ou l'humour, le grain de folie nécessaire pour supporter toutes les peines et inviter à une forme d'Espérance.
Prima Culpa, c'est un Voyage immobile, les pieds fermement ancrés dans le sol, puisant l'énergie tellurique du Menhir, le regard tourné vers l'Infini là où les Âmes se retrouvent…
Prima Culpa est aussi une réflexion sur le concept de Première Faute…
La recherche des responsabilités, de l'origine du Mal en tant qu'ennemi bien précis ou concept général, est consubstantielle à l'Homme.
Mais à sans cesse pratiquer la culpabilisation et le ressassement des vieilles rancœurs, on en oublie de vivre…
Prima Culpa, c'est enfin une invitation à la pénitence et à l’humilité, comme si nous étions tous susceptibles de générer cette première faute.
La symbolique des tournesols - omniprésents sur cet espace, inclinant respectueusement la tête, nous encourage à les imiter, à susciter la rédemption, source de toutes les élévations.
Puissent nos quelques notes plongées dans le tragique de l’aventure humaine et nourries par l'énergie du Menhir issue du Monde Invisible, contribuer à redonner un peu d’espoir dans ces temps perturbés, et aider à rechercher la Lumière qui toujours triomphe des Ténèbres…

La Cornemuse des Hautes-Terres, autrement connue sous le nom de Great Highland Bagpipe pour les anglophones et plus justement Pìob-Mhór par le peuple gaélique écossais, puise ses racines dans des instruments fort anciens : cornemuses du Moyen-Age bien sûr mais aussi Ascaule de la Grèce Antique voire encore un instrument dont le nom nous est inconnu mais qui a été retrouvé dans les tourbières irlandaises et daté du 3ème millénaire avant notre ère…
Pour des raisons propres à son histoire, l'Ecosse a développé un instrument tout à fait à part de ses compères : singulier de par sa puissance sonore inégalée, de par sa brillance tout à fait propre à tétaniser toute tentative d'agression extérieure ou à soutenir la vigueur des danses celtiques, de par sa forme enfin avec ses trois grands bourdons créant une enveloppe sonore exceptionnelle enrichissant la mélodie.
Toutes ces raisons en font un instrument complètement original : son existence est bien sûr attestée en plein cœur du Moyen-Age mais sa forme actuelle avec justement ses trois bourdons disposés sur l'épaule, n'a été définitivement fixée qu'au XVIIème siècle.
Sa tonalité haut perchée (*) ainsi que sa brillance naturelle la distinguent assez nettement de ses collègues médiévaux, soulignant l'originalité du répertoire de Prima Culpa, constitué intégralement de mélodies composées par le groupe.
(*) Corax a néanmoins réduit la hauteur "naturelle" de son instrument afin de le rapprocher des standards médiévaux : situé nativement à un diapason défiant les plus hauts sommets quand il s'agit de répertoire purement écossais, la hauteur de la cornemuse de Corax a ici été réglée au voisinage de 440 Hz.
Le Davul est un tambour à deux faces utilisé - sous des appellations parfois différentes - dans les musiques traditionnelles de Turquie, des Balkans voire de l'ensemble du Moyen-Orient.
Les deux faces sont constituées de peaux naturelles (chèvre) ou synthétiques et sont frappées par deux bâtons de dimensions différentes : le plus gros, le tokmak, sera utilisé pour produire les sons graves typiques d'une grosse caisse et d'un tom basse; le plus fin, le çomak, sera lui en charge des sons aigus. (*)
Joué debout en raison de ses dimensions, il dispose de son propre répertoire rythmique traditionnel, représentatif des traditions de fêtes et mariages ou encore militaires de ses pays d'origine.
Il est souvent associé à la Zurna, hautbois traditionnel pouvant être joué en son continu, avec laquelle il forme le duo Davul-Zurna, incontournable formation des fêtes orientales.
Au sein de Prima Culpa, nous avons reconstitué ce duo mythique en remplaçant la Zurna par une puissante cornemuse sur un répertoire original mais toujours propre à marquer toutes sortes d'évènements en extérieur.
(*) nous avons affectueusement rebaptisé ces deux bâtons en "La Louche" et "Le Spaghetti",
allez savoir pourquoi… 😀


